Ma journée de la femme
Comme chaque année, le 8 mars, je me lève, j’allume la radio, et il ne faut pas 3 minutes pour me faire rappeler que cette date, c’est celle de la journée internationale des droits des femmes.
A priori, moi, femme née dans les années 80, femme jusqu’au bout des seins (la référence est ici, bande de jeunes), vivant dans une démocratie moderne, dans la classe moyenne et donc privilégiée, travaillant à plein temps par choix, je pourrais ne pas me sentir concernée par cette journée. Si je ne suis pas chef(fe ?) d’entreprise, si je ne fais partie d’aucun conseil d’administration, ce n’est pas parce que je porte un soutien-gorge (oui, j’en porte, coquins !), mais parce que je n’en suis pas encore là dans ma courte carrière. En tous cas, je ne ressens pas que cela me sera inaccessible si un jour… Donc en l’état actuel des choses, mes droits vont bien, merci.
Mais se rendre compte de la chance qu’on a, c’est reconnaître implicitement qu’on est pas toutes logées à la même enseigne. Et qu’un coup de rappel sur la caboche une fois par an, c’est sans doute pas superflu.
Si je le pouvais, j’offrirais à celles qui ont moins de chance que moi la journée de la femme que je viens de vivre : celle où je me lève librement, choisis mes vêtements librement, conduit librement, m’exprime librement, travaille librement, cotise pour ma retraite librement, parle librement à d’autres hommes que mon mari, dépense librement l’argent que je gagne, élève librement mon fils en lui inculquant des valeurs qui ne feront pas de lui un adulte macho et étroit d’esprit. Je leur offrirais les “bonne fête” reçus un peu ridiculement mais sincèrement depuis ce matin.
Parce que ces femmes ignorées, bafouées, rabaissées, ont sans doute vécu leur 8 mars comme les autres jours de l’année : dans l’indifférence.
Crédits photo à la Une : Oksana Merzlyakova via 123RF.com